C’EST DEMAIN. – AU SOIR DE VOTRE SECOND MANDAT À LA TÊTE DE METZ- MÉTROPOLE, ESTIMEZ-VOUS AVOIR RÉA- LISÉ LE PROGRAMME D’ÉQUIPEMENT DU TERRITOIRE ? Jean-Luc Bohl. – Ma première fierté consiste à être parvenu à doter l’agglo- mération du statut de Métropole. Cela nous fait entrer dans le concert des vingt- deux aires nationales qui comptent et nous permet d’enclencher une véritable stratégie dans un contexte européen très proche. Nous visons ainsi à faire la capitale du « French tech » du Grand Est. Nous avons valorisé nos patrimoines, comme la Cour d’or, l’Opéra-Théâtre et mis en œuvre un schéma de développe- ment économique, qui s’inscrira dans un écosystème dynamique. Parmi nos 27 zones d’activités, nous nous employons à résorber les friches et à leur conférer une nouvelle dynamique. Le campus des matériaux et des énergies, la “Silver éco- nomie“ à Mercy, le port, le maillage par la fibre, nos politiques de traitement des déchets ou destinée à améliorer les mobi- lités sont autant de voies de croissance et de qualité de vie. Nous opérons dans une compétence partagée de 44 communes, qui s’emploie à mettre en exergue le rôle du maire.

C.D. – QUEL EST VOTRE GRAND REGRET ?

J-L. B. – Il nous fallu patienter pour pouvoir accéder à la Métropole en 2018. Si nous avions plus y parvenir plus tôt, nous aurions aussi pu avancer sur la troi- sième ligne de Mettis ou sur une rénova- tion d’ensemble de l’Opéra-Théâtre, qui me tient beaucoup à cœur.

C.D. – QUELS SONT LES GRANDS REN-DEZ-VOUS POUR DEMAIN ?

J-L. B. – Assurément la mobilité. Car de son bon fonctionnement dépend la facilité de déplacement et le rayonne- ment du territoire qui en sort plus fort. L’attractivité est mon combat permanent et nous devons rester mobilisés pour que nous ne sortions pas des écrans.

La transition écologique et éner- gétique nous mobilise déjà et ce sera demain un élément clé de tout ce qui sera entrepris par Metz-Métropole.

C.D. – LA NOUVELLE DONNE FISCALE VOUS SATISFAIT- ELLE ? LES MOYENS D E M E T Z- M É T R OP OL E S E R ON T- I L S SUFFISANTS ?

J-L. B. – Nous évoluons dans un domaine où pour l’instant prévaut le flou. Or, nous devons malgré tout antici- per, ce qui n’est pas facile. Nous veillons à ce que le mécanisme des transferts de moyens futurs ne vienne pas entraver la nécessaire action que nous avons à mener.

C.D. – À L’AUTRE BOUT DE LA CHAINE, LES CONTRIBUABLES QUI VOIENT MON- TER DE FAÇON INEXORABLE LES PRÉLÈ- VEMENTS, NE MÉRITERAIENT-ILS PAS UNE BOUFFÉE D’OXYGÈNE ? LA TAXE SUR LES ORDURES A UN PEU BAISSÉ, MAIS APPA- RAÎT UNE NOUVELLE TAXE SUR L’ÉLECTRI- CITÉ. N’EST-CE PAS DE NATURE À FAIRE REFLUER LES HABITANTS VERS D’AUTRES ESPACES ?

J.-L.B. – Nous sommes très attentifs à la sensibilité des citoyens. Mais en même temps la fiscalité constitue un lien avec les gens, que le futur système risque de conduire à l’effilochement. Cette année, nous n’avons pas touché aux taux, nous avons même baissé le taux de la taxe d’or- dures ménagères. Nous avons tenu notre engagement.

C.D. – ALORS QUE VOUS TRAVAILLEZ SUR UNE TROISIÈME LIGNE DE METTIS, OÙ EN EST LA FRÉQUENTATION DE LA PREMIÈRE. COMBIEN CELA COÛTE-T-IL À LA COLLECTI- VITÉ ? DEMAIN IL FAUDRA AUSSI SONGER AU REMPLACEMENT DES RAMES ACTUELLES. QUELLES PISTES ÉNERGÉTIQUES SERONT RECHERCHÉES ?

J-L. B. – Nous avons déjà deux lignes de Mettis, puisque celle qui existe se dédouble. Nous travaillons donc sur la troisième afin de permettre une bonne respiration de l’agglomération. Depuis la restructuration du réseau sa fréquen- tation s’est accrue de 44% et sur Mettis, nous enregistrons 45 000 validations par jour. Nous avons explosé les scores atten- dus. Au total 14,1 millions d’euros sont à la charge des usagers et les 52,6 millions d’euros du budget sont couverts par le ver- sement transport. Ce dispositif marche bien, mais nous devons être vigilants et veiller à ne pas déraper. Nous avons récemment reçu une délégation de la Ruhr, région à très haute densité de popu- lation. Ses représentants sont venus voir notre réponse aux besoins de la mobilité. Nous devons nous organiser et prévoir à travers le plan de déplacements urbains. Nous regardons aussi les différentes technologies : hybride, électrique, biogaz, hydrogène. Sans doute à l’arrivée aurons nous à mettre en œuvre un mix de ces technologies afin de bien coller aux spé- cificités de notre territoire.

C.D. – LE TERRITOIRE EST-IL DÉSORMAIS DANS SES LIMITES CRÉDIBLES ?

J-L. B. – Je suis schumanien. En conséquence, j’ai tendance à penser qu’il convient de procéder par étape. Nous nous employons à travailler en coopération avec les territoires voisins sur le développement économique par exemple. Nous sommes ainsi avec seize autres intercommunalités dans le Pacte

offensif croissance emploi de la Grande Région, comme nous collaborons avec Pierre Cuny, le Maire de Thionville via le sillon lorrain. Bien entendu, je ne peux m’empêcher de penser à un territoire plus large pour Metz-Métropole, mais notre responsabilité consiste à réfléchir sur une politique de projets.

C . D . – L’ANCIENNE EMPRISE DE FRESCATY EST PORTEUSE DE BEAUCOUP D’ESPOIRS ET DES PROJETS D’IMPORTANCE S’Y DESSINENT. NE SERAIT-IL CEPENDANT PAS TEMPS D’AVOIR ENFIN UNE VRAIE STRATÉGIE D’ÉQUIPEMENT COMMERCIAL DE LA MÉTROPOLE, DANS UN CONTEXTE, OÙ NOUS SOMMES DÉJÀ D’UN TIERS AU DESSUS DE LA MOYENNE NATIONALE EN ÉQUIPEMENT COMMERCIAL ET QUE LES CRAQUEMENTS SE MANIFESTENT PARTOUT ?

J-L. B. – Avec 450 ha enchâssés au cœur d’une grande zone urbaine, nous étions face à un vaste défi. Il nous est apparu cohérent de l’acquérir, ce qui a été accompli dès 2015. Nous avons immédia- tement pris le parti de concevoir un plan d’aménagement global, répartissant les espaces disponibles selon les destinations que nous leur avions fixées. L’économie sociale et solidaire côté Marly, l’accueil du centre de formation du FC Metz du côté de Saint-Privat, l’agro-biodiversité en partie centrale en nous adossant à l’ancienne tour de contrôle, mais égale- ment à la pointe sud, l’arrivée prochaine d’Amazon. Le tout s’inscrivant dans un espace paysager, tout en re-naturant le ruisseau “la Ramotte“ et en valorisant cer- tains édifices comme l’ancien Mess voué à des start-up ou la résidence du général. Déjà 800 emplois ont été créés et cela va fortement monter en puissance. Nous

conservons des sections de l’ancienne piste d’atterrissage et nous avons voulu l’ensemble comme un lieu ouvert où le public peut se rendre à vélo. Nous avions pris un pari et nous sommes en train de le gagner en apportant de l’économie, des activités, tout en sauvant le caractère nature du plateau de Frescaty.

C.D. – LES DIRECTEURS DU CENTRE POMPIDOU-METZ SONT ABSORBÉS PAR LES GRANDES INSTITUTIONS PARISIENNES. C’ EST L A PREUVE DE LEURS TALENTS RECONNUS ET CELA REJAILLIT SUR NOTRE ÉQUIPEMENT. NE RESTE-T-IL CEPENDANT PAS À CONDUIRE UN EFFORT À ACCOMPLIR POUR ACCROÎTRE SON RAYONNEMENT ET SA FRÉQUENTATION ?

J-L. B. – Ce centre a été une opportu- nité exceptionnelle pour la Métropole. À nous de mieux le faire connaître et d’en valoriser les expositions de haute tenue qu’il accueille. La très prochaine programmation incluant Marc Chagall et Yves Klein, nous place au premier rang de l’offre culturelle en France, mais égale- ment au cœur de l’Europe. Pompidou est parvenu à attirer un public nouveau vers l’art, puisque 35% des visiteurs viennent du monde ouvrier.

C.D. – AVEZ-VOUS ENVIE DE REVENIR POUR UN TROISIÈME MANDAT ?

J-L. B. – J’ai un enthousiasme formi- dable pour ce que j’accomplis à la tête de Metz Métropole. J’ai le sentiment de tra- vailler utilement. Nous avons désormais constitué de solides fondations, à nous d’en faire profiter le territoire afin qu’il prospère encore plus.

  RECUEILLI PAR GILBERT MAYER

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