Homme politique et acteur associatif engagé, cela fait plus d’un demi-siècle que le Thionvillois Robert Malgras s’implique en faveur des publics les plus fragiles. « Avec les tripes ».

« Mon père était le maire de son village et il s’est toujours beaucoup impliqué dans ses fonctions. J’ai été, très tôt sensibilisé à l’importance de s’intéresser et de veiller sur les autres », explique Robert Malgras, figure incontournable du monde associatif thionvillois, même si c’est du côté de Lunéville qu’il a vu le jour.  

Engagé pour être efficace

À 72 ans, Robert Malgras est sur tous les fronts. Il préside l’association ATHENES active dans le domaine de l’accueil, de l’hébergement et l’insertion de publics fragiles, depuis plus de 20 ans. Depuis 2014, il assure aussi la présidence de l’Association THERAS SANTE qui gère plusieurs EHPAD ainsi que différentes structures délivrant des services aux personnes âgées. Il fait également partie du conseil d’administration de plusieurs associations, du CCAS (Centre communal d’action social), de l’OPH (Office public de l’habitat) et de Moselis, toujours à Thionville. « Tout cela me demande un peu d’organisation en termes de disponibilités mais je m’en sors, en m’investissant l’équivalent d’un temps plein », confie Robert Malgras « S’impliquer dans la vie associative et le secteur social, nécessite, pour être vraiment efficace, de s’engager réellement  afin d’être en prise directe avec les réalités du terrain ».

30 années en politique

Ce « terrain » cela fait 50 ans que Robert Malgras le sillonne, de long en large, pour aller à la rencontre des « gens » et agir. Dans les années 1970, il l’arpente en tant que militant syndical. Agent de contrôle métallurgique, il a notamment été délégué du personnel à la Sollac, à partir de 1971 et durant quelques années. C’est également au cours de cette décennie qu’il entame sa carrière politique en intégrant le conseil municipal de Thionville. Adhérent au PSU (Parti socialiste unifié) puis au PS ensuite, il est élu député de Thionville-)Est, de 1981 à 1986. Elu conseiller régional de Lorraine, dans la foulée, il s’y investira jusqu’en 1998. En 1988, il rejoint également ce que l’on appelle alors, encore, le conseil général de la Moselle.

« Ces responsabilités politiques exercées pendant 30 ans, m’ont permis de bien identifier les difficultés locales et de nouer des relations fortes avec tous les acteurs impliqués dans l’action sociale. C’est un atout. Mais après 50 ans d’engagement au service des plus démunis, le plus important à mes yeux, c’est que je vis toujours mon engagement avec les tripes » précise Robert Malgras, avant de s’éclipser. Une urgence. Quelqu’un a besoin de lui.

Trois questions à Robert Malgras

C’est demain. – Cela fait des années qu’est évoquée la création d’un 5e risque ou 5e branche (en complément des quatre branches existantes de la sécurité sociale) pour couvrir les risques de la vie liés à la perte d’autonomie et au handicap. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Robert Malgras. – Le fameux cinquième risque est en suspens depuis trois mandats présidentiels successifs alors que l’évolution de la démographie est sans équivoque. Il faut prendre des décisions et agir. Il est fondamental de disposer de moyens adaptés à la prise en charge de la perte d’autonomie à domicile, ne serait-ce que pour soulager les familles qui, souvent, assument cette prise en charge financière et matérielle. Davantage de moyens, les établissements en ont aussi besoin. Le maintien à domicile a des limites, bien évidemment. Les EHPAD doivent donc pouvoir prendre le relais dans les meilleures conditions. Je constate qu’ils accueillent déjà des résidents de plus en plus âgés, avec des handicaps de plus en plus lourds.

C.D.-Ces dernières années, les EHPAD ont bénéficié d’un soutien important de la part des pouvoirs publics. Dans quelle situation sont-ils, aujourd’hui ?

R-M.- De gros efforts de restructuration et de création ont effectivement été réalisés, THERAS SANTE en a d’ailleurs bénéficié. Mais il faut aller plus loin encore. Les EHPAD doivent disposer de moyens financiers plus adaptés et pouvoir s’appuyer sur des personnels en nombre suffisant et donc mieux payé.C’est tout particulièrement vrai pour notre territoire car nous devons composer avec l’attrait du Luxembourg qui propose des salaires pratiquement deux fois plus élevés aux infirmières et aux aides-soignantes. Mais il nous faut aussi faire preuve de créativité pour laisser davantage de place à l’innovation, ouvrir nos établissements vers la vie environnante ou proposer de nouveaux services. Peut-être importe-t-il certainement aussi d’imaginer un habitat différent.

C-D.- Les crises sanitaire et économique font des dégâts sur le plan social. Etes-vous inquiet pour l’avenir ?  

R-M. – Le « quoi qu’il en coûte » a un coût. Nous allons certainement tous, nous en rendre compte prochainement. Le réveil sera, sans doute, difficile pour beaucoup de monde. À mes yeux, il est essentiel que chacun, quelle que soit sa responsabilité ou sa place dans la société, soit prêt, sans démagogie, avec le sens du bien commun, à assumer sa part de travail. Il importe aussi « d’ouvrir » le champ de l’innovation, en évitant, que les lourdeurs ne contraignent les initiatives en la matière. Les « pouvoirs » (Etat, collectivités locales…) doivent accorder leur confiance et passer des contrats avec les structures locales prêtes à s’engager au maximum pour dégager des solutions nouvelles. Cela permettra ainsi à de nombreuses personnes « fragilisées » de ne pas se retrouver exclues du monde du travail et de la vie sociale.

add comment